16 juin 2011

Mate, la boisson d'Uruguay et Argentine

Conseils pour la fabrication du mate

Le mate est la boisson nationale Uruguayenne (et Argentine).
C'est à la fois une boisson de consommation (très) courante, mais aussi l'occasion d'une cérémonie entre amis.
"Tomar el mate" est une tradition qui vaut à elle seule que l'on s'intéresse un peu à la fabrication de cette boisson...

Vous aurez besoin de :
  • Une bouilloire (et une source de chaleur ou une bouilloire électrique)
  • Une bouteille thermo (le mate se déguste a petite gorgées et il faut tout le temps renouveler l'eau). Jusqu'à il y a peu les Urugayens se déplaçaient tout le temps avec une bouteille thermo sous le bras. Ils ont adopté maintenant un sac en bandoulière, plus pratique pour porter le nécessaire à mate.
  • Un mate, récipient pour la yerba (calebasse, tasse, verre...).
  • Une bombilla (il en existe de nombreuses sortes, de la tige de roseau perforée aux modèles en argent et or les plus travaillés.
  • Et surtout la Yerba, sorte d'herbe coupée, broyée et séchée (idéalement de façon naturelle, mais c'est moins facile à se procurer).
A gauche des bombillas (nommées ainsi car les traditionnelles ont une forme d'ampoule en métal (acier ou argent et or), à droite, en canne.
On aspire d'un côté et l'autre "trempe" dans la yerba mouillée, ce qui permet d'aspirer l'eau sans les petits morceaux d'herbe, retenus par les trous, ou autres astuces des différents modèles de bombillas.

 Exemples de récipents (mate). S'il en existe en métal, en bois ou en porcelaine, voire en verre, je préfère la calebasse. 
Ma préférée est celle de droite, revêtue de cuir., mais j'aime bien aussi la petite à sa gauche, idéale avec une bombilla de canne. Voir comme elle est belle sur la photo, à droite... 

Ma yerba préférée :
Cachamate (étiquette dorée), mais il en existe des dizaines d'autres marques.
Dans les supermarchés d'Uruguay et d'Argentine, c'est équivalent à nos rayons "café".

On peut aussi trouver de la yerba en sachet... Plus pratique, mais peu intéressante car le goût n'est pas exactement le même et il manque la sensation et surtout la convivialité.




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La "recette" : 

1) Verser de l'eau du robinet chaude dans la bouteille thermo. C'est pour préparer l'ampoule à mieux maintenir la chaleur lorsque l'on versera l'eau à conserver...
 2) Verser de l'eau dans la bouilloire et la faire chauffer jusqu'à ce qu'elle siffle ou se déconnecte si c'est une bouilloire électrique
 3) Pendant ce temps, verser la yerba dans le mate
 4a) Au besoin, tapoter le mate renversé contre votre main...
 4b) cela enlèvera la fine poussière qui peut sinon entrer dans les trous de la bombilla
 5) Planter la bombilla en biais dans la yerba qui ne doit pas occuper tout l'espace disponible mais entre la moitié et les 2/3
 6a) Lorsque l'eau est à température, vider l'eau chaude de la bouteille thermo...
 6b) pour la remplacer par l'eau bien chaude de la bouilloire
7) Fermer la thermo
 8) Verser le restant de la bouilloire dans le mate...
8b) ATTENTION, l'eau ne doit pas monter au-delà de la surface de la yerba. Vous devez donc verser peu d'eau à la fois. A partir du moment où vous avez versé l'eau, vous ne devez plus bouger la bombilla.
 9) Déguster votre mate en aspirant toute l'eau contenue (jusqu'au SLURP !!!)

10) verser ensuite de l'eau à fleur de yerba et prenez une autre aspiration. Il est d'usage de faire circuler de main en main le mate, chaque utilisateur épuisant l'eau disponible.

Conseils :
Lors de la première prise, on peut trouver le mate amer "(mate amargo" comme disent plusieurs chansons et quelques tangos).

Pour limiter cela, trois possibilités

1) Ne pas laisser infuser

2) Rajouter du sucre ou d'autres ingrédients allant du jus d'orange au lait (berk pour moi, mais tous les goûts sont dans la nature).

3) Boire régulièrement du mate. Je trouve que l'effet le plus surprenant de cette boisson, c'est l'impression de frais qu'elle laisse.

Je ne connais pas les vertus médicinales du mate. Je le bois pour le goût, mais il me semble qu'il donne un peu d'énergie, il défatigue.

On peut cependant le boire le soir sans d'autre inconvénient que la quantité d'eau ingurgitée ;-)

Un dernier point, orthographique :
On prononce "maté", mais cela s'écrit "mate". En effet, maté signifie "je tuai" en espagnol...

14 juin 2011

Musicaliser une milonga - Synthèse à imprimer

Musicaliser une milonga, c'est être au service des danseurs.
Cela demande de la générosité et de l'empathie, mais aussi, des compétences et beaucoup de temps.
Ces conseils sont destinés à vous aider en vous faisant partager mon expérience et mon exigence.
N'hésitez pas à donner votre avis, ou à partager votre expérience.
A bientôt dans une milonga d'Europe ou d'Argentine.
___ Cliquez pour télécharger le document ___




Festival Tangopostale 2009

 
A quelques jours de la troisième édition de tango postale, cette vidéo pour vous donner envie d'y aller (du 6 au 10 juillet 2011).
Elle concernait la première édition, mais déjà toute la philosophie de cette belle aventure était présente.
Plus d'information sur tangopostale.com.
A bientôt (je musicaliserai la milonga Eterna, vendredi 8 juillet).

Musicaliser une milonga (6) Préparer ses listes de lecture


Préparer ses listes de lecture

Il est impératif de réaliser des tandas homogènes. En effet, il est désagréable d’inviter une danseuse sur une musique et de devoir continuer sur une musique tout à fait différente et sur laquelle nous n’aurions pas invité.
L’homogénéité ne peut se juger qu’à l’écoute. En effet, sur le même disque, le même musicien peut avoir gravé des titres qui ne vont pas ensemble.
L’écoute se fait au casque, mais aussi en situation réelle afin de voir comment « danse » tel ou tel morceau.
Le rythme d’enchainement des tandas est généralement
4 Tangos + 4 tangos + 4 valses + 4 tangos + 4 tangos + 3 milongas (seulement trois car bien danséela milonga est fatigante) et le cycle reprend, jusqu’à la Cumparsita finale…
Il est possible de faire des tandas de trois, par exemple lorsqu’il est important de renouveler les couples (déséquilibres homme-femme), par exemple, ou dans le cadre d’un festival pour se faire rencontrer plus de personne.
Entre chaque tanda, il est impératif de mettre une cortina (rideau musical constitué d’une musique non-dansante).
La cortina doit être suffisamment longue pour permettre aux danseurs de regagner leur place. C’est très important car cela augmente les chances d’invitation. Si les danseurs restent sur la piste, la mirada (invitation du regard, de rigueur dans les bals tangos) n’est pas possible.
La cortina ne doit surtout pas être dansable pour éviter que les couples restent sur la piste.
Pour ma part, je préfère utiliser la même cortina pour toute une milonga. Cette cortina doit avoir idéalement un début et une fin. Pour une milonga habituelle, il est possible de préparer à l’avance une cortina d’une longueur prédéfinie (entre 45 secondes et 1 minute 20). Cela permettra d’éviter les fade out, peu agréables. Pour cela, je monte le morceau de façon à ne conserver que le début et la fin. La transition doit être bien sûr inaudible, pour cela, il faut aligner les tempos, les tonalités et faire une fondu croisé.
Je réalise éventuellement plusieurs longueurs de cortina au cas où les danseurs seraient plus lents ou rapides que prévu pour libérer la piste. Je garde aussi à portée de main le morceau complet au cas où aucune des durées prévues ne fonctionne (ou si le comportement des danseurs est imprévisible). Je diffuse en général au moins une fois, la cortina en entier (au début de soirée, ou après la Cumparsita).

Musicaliser une milonga (5) Diffuser la musique


Diffuser la musique

Votre musique est prête, vous avez préparé des tandas, des disques, éventuellement une liste de lecture que vous pourrez éditer en cours de milonga en fonction des réactions de vos danseurs. Il vous faut donc maintenant la rendre audible par vos danseurs.
Il existe de nombreux articles et sites sur l’installation d’une sono. Je vous laisse y référer pour tout ce qui touche à la technique (repérage de phase, puissance…).
En revanche, quelques conseils :
  • Pensez à sonoriser toute la piste. Si celle-ci est grande, il faudra peut-être plus qu’une paire d’enceintes.
  • Pensez à utiliser des caissons de basse. Même sur des vieux tangos, une fois rajeunis comme décrit précédemment, cela rend le son beaucoup plus vivant et libère les enceintes principales de la restitution des basses, cause de distorsions.
  • Si vous le pouvez, mettez les haut-parleurs en hauteur, légèrement plongeants vers la piste et surtout pas à hauteur d’oreille de danseurs. Les caissons de basses peuvent être placés où il y a de la place car ils ne sont pas directifs.
  • Limitez le nombre de dispositifs entre la source sonore et les enceintes. Si vous avez un son propre sur votre source, une bonne table de mixage, voire un simple boîtier USB sera suffisant.
  • Ne jouer pas avec le pitch (vitesse) pendant la lecture. Rien de plus désagréable que ces morceaux qui changent en cours de lecture suite à une manipulation maladroite.

Musicaliser une milonga (4) Améliorer la musique enregistrée, prête à être diffusée

Améliorer la musique enregistrée, prête à être diffusée

Vous avez respecté les préconisations ci-dessus, vous êtes donc à la tête d’une encombrante collection de CD audios, ou de fichiers sonores non-compressés. Point satisfaisant, vous avez la musique la plus proche possible de la qualité de diffusion de l’époque.
Cependant, j’ai une autre ambition, essayer de retrouver les sons originaux de l’orchestre. Une contrebasse de 1940 devait avoir un son semblable à une contrebasse d’aujourd’hui…
Cependant, les vieux vinyles coupaient les basses à environ 150 Hertz, voire 300 pour les 45 tours (je ne parle même pas des 78 tours). Malgré les compensations des préamplis RIAA, mêmes ajustées en fonction de l’éditeur du disque, on comprendra très bien que les basses et la dynamique de la musique ont été sacrifiées.
Pour corriger cela, il va falloir « bidouiller » un peu la musique.
ATTENTION, ne jamais faire la modification sur le fichier original, toujours faire une copie. En effet, il est impossible de faire des petites retouches successives car cela détruirait la qualité du fichier. Il faut arriver directement au résultat souhaité. Évidemment, même avec un peu d’expérience, cela ne fonctionne pas toujours du premier coup. Il faut donc impérativement repartir de l’original et ne pas rajouter un petit supplément d’effet s’il a été initialement insuffisant.
Les fonctions les plus utiles sont :
  • Égalisation (permet de travailler la courbe de réponse et en particulier d’activer quelques courbes RIAA si vous avez enregistré un disque à plat).
  • Réduction du bruit (sélectionnez une partie « vierge de musique du disque où on entend le gratouillis et cliquez sur le bouton « prendre le profil du bruit ». Sélectionnez ensuite tout le morceau et appliquez la réduction. Le bruit capturé est soustrait du reste de l’enregistrement. 
  • Amplification (dans des limites raisonnables ou pour unifier les volumes dans une tanda).
  • Amplification des basses (toujours revenir à zéro si l’effet n’est pas satisfaisant au premier jet. Attention à ne pas faire monter le rumble de la platine). 
  • À Buenos Aires, les DJ jouent un peu avec le pitch, généralement pour accélérer un peu le tempo. Cela a l’inconvénient de rendre le son plus aigu. Avec un traitement informatique on peut éviter cela (Changer le tempo / Changer la hauteur)…
Écoutez le résultat au casque avant de le défaire et de faire un autre essai s’il ne convient pas. S’il convient, exportez votre travail (au besoin en MP3 grâce à un encodeur à rajouter comme Lame).
En effet, à ce stade, la musique peut être un peu compressée (mini 192 kbs, mais plus de préférence) car vous n’avez plus à la travailler. Cela vous permettra de prendre moins de place sur votre disque de diffusion.

Musicaliser une milonga (3) Améliorer l'enregistrement de la musique

Améliorer l'enregistrement de la musique

Les tangos de la vieille garde ne sont pas tous irréprochables sur le plan de l’enregistrement. Voici quelques conseils pour améliorer les choses :
Utilisez si possible les disques vinyles originaux pour faire vos enregistrements. Attention, chaque marque de disque utilisait ses propres courbes de compensation et il faut restaurer le son original en utilisant la compensation inverse. Cela peut se faire avec un préampli comportant des courbes de réponses sélectionnables ou ajustables. J’en avais fabriqué un autrefois, mais avec l’ordinateur, on peut effectuer cette manipulation a posteriori, ce qui n’était pas le cas sur cassettes ou mini-discs.
Un site m’avait aidé, il y a une dizaine d’années à franchir le pas vers l’informatique pour la restauration de disques anciens. Il reste d’actualité sur les principes, même si les logiciels actuels sont beaucoup plus pratiques à utiliser.
La platine est importante. J’ai utilisé pendant longtemps une platine Thorens avec plateau lourd à entraînement direct et contre-plateau en alu, extraordinaire pour éviter tout rumble (associé à une cellule Shure avec pointe hyper elliptique). J’utilise désormais une American Audio, moins sophistiquée (et ne proposant pas la vitesse de 78 tours), mais disposant d’une sortie USB, bien pratique.
La platine doit permettre d’ajuster précisément la vitesse. En effet, selon les époques et les marques de disques, les vitesses de rotation ne sont pas toujours exactes et il faut donc retrouver la hauteur et le tempo du son d’origine. Pour ma part, je cale la vitesse de façon à ce que la hauteur corresponde à la partition. Cela présente l’avantage supplémentaire de pouvoir jouer en même temps que la musique. Ces platines disposent d’un stroboscope, mais pour les raisons évoquées ci-dessus, ils ne sont pas indispensables.
Lorsque vous faîtes une capture de disque vinyle, pensez à incorporer avant et après chaque morceau des plages de « gratouillis » du disque. Cela vous sera utile pour traiter le signal et améliorer le rendu.
Les morceaux extérieurs des CD ont une meilleure dynamique (vitesse tangentielle supérieure), mais sont parfois endommagés par des impacts de tête de lecture.
Il est aussi possible de partir directement de CD audio. Malheureusement ceux-ci ne sont pas toujours de bonne qualité. La courbe de réponse n’est pas bonne, les vitesses sont « trafiquées », en général augmentées pour être plus dansants ou pour rendre plus virtuoses les interprètes.
Je ne parle pas des compilations au format MP3 qui sont souvent encore pires.
Si vous avez des CD de bonne qualité (c’est une loterie), voici ce que vous pouvez faire :
Ø  Enregistrez-les dans un format non-compressé (wav ou AIFF, par exemple).
Ø  Ouvrez dans Audacity ou autre logiciel de traitement sonore et observez la :

Courbe montrant une saturation du canal gauche. Courbe meilleure.
On voit clairement ici qu’il s’agit d’un enregistrement stéréo, (trop) fortement différencié.
 
Si la courbe est saturée (applatie dans le haut) ou si à l’inverse elle ne décole pas de l’axe médian, refaites l’enregistrement ou la numérisation.
Pour la plupart des vieux disques, le son n’est pas en stéréo. En fonction de l’état du disque, il peut être intéressant de n’utiliser qu’une seule des deux voies (en la réinjectant bien sûr sur sur les deux canaux ensuite).

Musicaliser une milonga (2) Classer sa musique

Classer sa musique

Pour ma part, je classe la musique en fonction de sa « dansabilité » :

***** Excellent à danser et bonne qualité technique de l’enregistrement

**** Excellent à danser et qualité technique un peu moins bonne, mais diffusable.

*** Utilisable pour danser, mais moins agréable ou qualité technique un peu faible. Je ne les diffuse que sur demande.

** indansable ou qualité technique trop pauvre pour être utilisé, mais morceau intéressant.

* Musique conservée pour son intérêt historique, sa rareté ou autre, mais inexploitable en milonga.

J’indique le style dans le genre de la façon suivante :

  • Tango
  • Tango cantado (je mets à part ceux qui ne sont pas dansables et les classe « canción »)
  • Tango milonga
  • Tango milonga cantada
  • Tango vals
  • Tango vals cantado

Pour les morceaux plus récents, j’ai des catégories (elles mêmes divisées en milonga et vals, cantado ou pas) :

  • Tango nuevo (instruments traditionnels, mais sonorités ou musicalité particulières. La plupart des compositions de Piazzolla entrent dans cette catégorie.
  • Tango electrónico (instrumentation électronique, sonorités très différentes du tango traditionnel). Electrocutango, Malevo ou Debayres alimentent cette catégorie.

Une tanda doit être homogène, c’est-à-dire qu’elle doit comporter des morceaux qui vont ensemble. Il faut donc être capable d’identifier l’orchestre, le chanteur, le style de danse, l’année d’enregistrement et de nombreux autres critères, parfois plus difficiles à saisir.

Une des méthodes peut consister à utiliser les commentaires (cette musique va bien avec telle autre), mais on peut utiliser aussi les groupes. Ainsi, on peut classer ensemble des musiques du même orchestre qui vont bien ensemble. Ainsi, le DJ, à la volée, pourra composer une tanda cohérente car il aura auparavant pris le temps de vérifier que cela fonctionnait.